1-    Pourquoi ce stage
2-    Organisation Institut de recherche de l’application du poing 
3-    Participants  -rencontres 
4-    Déroulement global du stage 
5-    Réflexions, perspectives, objectifs.

 1-Pourquoi ce stage.

Notre association s’est spécialisée depuis 1993, dans l’étude et la transmission du Tai- chi des synthèses authentiques, qui, comporte une juxtaposition technico-martiales  de séquences  tirées des  quatre grandes familles de Tai- chi, soit le Chen, le Yang, le Wu et le Sun   .

Pour mémoire, cet enchainement fut crée autour des années 1950 , sur l’ile de Taiwan, (Formose), par quelques uns des maitres représentatifs de ces styles, réunis par une proximité culturelle , après  avoir  miraculeusement réussi  à échapper à la frénésie éliminatrice de tous les intellectuels et des gardiens de la tradition, propre au régime de Mao Tse Toung.

 Lassé de voir s éparpiller les trésors de savoir liés à leurs maitres respectifs, au gré des guerres de chapelles  et des alchimies personnelles propres à chaque génération de transmission,  ils tentèrent ainsi de réunifier le Tai- chi en créant de toutes pièces cet enchainement, somme toute assez moderne ; à noter que des élément de Baqua et de Xing Yi  y ont également été incorporés, ce qui en complète sa déjà grande richesse,  donnant ainsi  un aperçu de la profondeur du Wushu  . Plusieurs séquences de ce tai chi étant donc  inspirées  de la pratique Chen, j’ai donc tout  naturellement désiré en savoir plus, en me rapprochant des spécialistes de cette Ecole.

Mes 25 années d’engagement inconditionnel  au sein de l’école de Kenji Tokitsu m’ont également permis d’avoir une approche du Chen, puisque à la fin  des années 1980, nous pratiquions , lors de chaque stage  un long enchainement dynamique de l’école Chen,  que nous appelions, à tort sans doute, d’une manière conjoncturelle , le kata » de l’après midi », la pratique du matin ’étant réservée au  tai- chi des synthèses authentiques  Cette pratique qui m’ a parue  fort constructive car semble t-il  fort bien approchée et assimilée  par KT,  a,   au fur et à mesure de la recherche et des synthèses de ce dernier, été modifiée et nipponisée   en Jisei- Ken, (Ken –Chen) , selon les kata Jisei -Ken shodan, que j’ai moi-même longtemps enseigné,  et Jisei ken nidan, que j’ai renoncé à intégrer, de par son extrême complexité ,  doublée du manque d’accompagnement et de cohérence pédagogique qui caractérise cette Ecole.  Notre départ en 2009 risquait donc de nous couper de cet apprentissages,  de ces acquis, ce qui me semblait fort préjudiciable , tout le temps investi en foi et en heures de pratique ne pouvant décemment être ainsi bradé  ; je m’étais  ainsi toujours promis, dès que l’occasion s’en présenterait, de retourner étudier l’original de cet enchainement avec le maitre chinois qui en était dépositaire, selon la meme démarche que nous avions eue,  pour le Tai- chi des synthèses, et le Yi- chuan.

L’occasion s’est présentée, l’an dernier, lors de la lecture passionnée du livre d’Alain Caudine  disciple français de Maitre Wang Xi’an,  « A la source du Taiji quan » , aux éditions Tredaniel  » Outre le détail précis de l’enchainement, les explicatifs martiaux détaillés,  l’auteur propose dans cet ouvrage une introduction fort intéressante relative à la  dimension énergétique chinoise , outre des précis historiques , cosmogoniques  et anatomiques, qui placent cet enchainement dans son écrin culturel original. J’ai d’ailleurs été amené à  très vivement recommander cet ouvrage lors de la lettre numéro dix de magnitude ((voir sur le site www.atemimontdor.com) ;puis,  j’ai tout simplement pris  contact par courriel  avec l’auteur, avec lequel un dialogue s’est petit à petit instauré, jusqu’à ce que nous convenions que je participe, en aout 2010, à un stage sous sa direction. N’ayant, à mon grand regret pas pu honorer une  invitation de sa part à un stage à Paris  , me voici donc inscrit à celui de Pampelune, du 2 au 6 aout 2010.

 

 

2-Participants- organisation- rencontres.

Participants .

Pampelune est loin,…très loin, pour qui   , comme moi, déteste  conduire …. près de 11 h 00 de voiture ; je suis fort heureusement accompagné par un de mes jeunes élèves, Olivier Debiais, 21 ans, formé au club depuis l’âge de neuf ans, rompu à notre pratique, et comme moi, passionné ;  détenteur d’une immense marge de progression…. il a   toute la vie pour accéder à  un excellent niveau ;  il s’avère fort prometteur..

Le stage est remarquablement organisé par le club de Tai- chi local, dirigé par une maitresse femme, Pepa Vasquez, elle aussi disciple de Wang Xi’an,  qui sut, tout au long de la quinzaine que dura le stage, gérer avec efficacité  , mais surtout  attention, présence et gentillesse,  les quelques soixante personnes venus de d’Espagne,  de France… et de Chine, car , en fait le stage est dirigé non seulement par Alain Caudine  , entre autres disciples,  mais par Maitre Wang  Xi’an et ses assistants ,  en personne. !!!.

Le stage dure deux semaines ; je participe, avec Olivier, à la seconde semaine.

Nous logeons, en plein cœur de la ville de Pampelune, proprette  grosse et accueillante  bourgade Navarraise  de 300 00 habitants ,  aux droites avenues aussi rigides que le franquisme qui les a conçu, , dans une immense  résidence étudiante catholique ;  l’affluence touristique estivale ne devant pas être à son comble, nous partageons les lieux avec une centaine, peut être deux, voire trois… de participantes d’une congrégation religieuse , composée de personnes plutôt âgées, mais fort actives et très , très bruyantes…un essaim  dont le bourdonnement est répercuté par l’acoustique tonitruante  des lieux  .

Les participants au stage, au nombre de cinquante environ, se répartissent entre une petite majorité  d’adeptes espagnols  issus de l’école locale de Pepa  ,  et un  grand nombre d’adeptes français, pour la plupart issus du sud ouest de la  France, région dans laquelle le Chen est beaucoup plus répandu que partout ailleurs en France ; je note toutefois que l’interprète, d’origine cambodgienne, vient de la région de Poitiers, un autre prof de La Rochelle , une  autre de la région lyonnaise, tout proche de notre club, d’ailleurs.

La moyenne d’âge est d’environ quarante ans, la répartition homme –femme est très équilibrée, mais je note que beaucoup d’élèves féminines semblent  détenir  un niveau de pratique élevé, tout du moins en ce qui concerne les postures et la dimension cognitive des séquences,  lors de l’exécution de la forme ; je note également que le niveau des plus anciens est assez homogène , dénotant un suivi régulier et une participation assidue aux stages et aux entrainements .

La délégation chinoise est composée de trois personnes, le Maitre, Wang Xi’an, une soixantaine avancée fort bien conservée, calme, peu expansif, mais soucieux du fait que chacun apprenne quelque chose, en tout cas manifestement convaincu de ce qu’il fait, et heureux de le transmettre ; il va d’un groupe , d’une personne à l’autre pour s’enquérir des difficulté de chacun, corriger doucement, recommander, justifier,

Son assistante, Sou Jie, ,  une remarquable et dynamique jeune femme d’environ quarante ans, rompue à tous les exercices et enchainements de l’école, accompagnée de son fils de 19 ans, un athlète explosif qui passera son temps de stage  seul à pratiquer avec un brio déconcertant  les divers armes de l’école  .Un léger protocole ponctue le début de chacun de cours, à l’arrivée de cette délégation, soit à la fin du travail préparatoire de Qi qong ; sur le signal de l’interprète, l’entièreté du groupe salut le maitre en effectuant un pas avant , présentant le poing droit drapé dans la main gauche ouverte, prononçant le salut à la chinoise, dont je n’ai pas noté la teneur ; outre ce rituel qui ponctue également chaque fin de cours, aucune notion de hiérarchie  ne transparait lors des entrainements.

Organisation.

La logistique du stage est en tout point remarquable, autant pour l’hébergement, que pour la salle, que pour la communication, les pauses,  les documents didactiques, l’orientation  pour toute chose envers  ceux venant de loin, le sourire , la disponibilité  et la gentillesse étant  en permanence assurés . Les entrainements empreints d’une ambiance laborieuse, concentrée mais conviviale et coopérative,  ont lieu dans un grand complexe multi-sport très voisin de la  résidence estudiantine, ce qui facilite les allers et venues ,  nous proposant  davantage de temps de  récupération entre les plages d’étude.

Pédagogiquement, tout a également été pensé.

Les participants se répartissent d’eux meme en deux sous groupes, l’un avec le Maitre, l’autre avec son assistante, Après avoir  découvert , non sans surprise,  lors du premier entrainement collectif, l’enchainement dans sa totalité, j’estime déplacé de rejoindre le groupe  des élèves avancés sous la direction du Maitre,  et vais  sagement  me ranger sous la direction de  son assistante, Sou- Jie ,  avec Olivier…..et les débutants   , car il convient   en premier lieu, comme partout  ailleurs, d’apprendre la forme !!!  L’enchainement , que je croyais connaitre, n’est    en fait pas du tout  celui que j’ai étudié avec KT, mais un autre, qui représente  la source authentique de l’école , la vieille forme , » Lao Jia »  ; il me semble tout de meme  bien l’avoir vu pratiquer par KT au début des année 1990., en parallèle avec celle que j’avais étudié, soit «  xin jia » , la nouvelle forme, plus dynamique ; mais j’avais à l’époque choisi de ne  pas cumuler  , estimant que j’avais déjà assez de pain sur la planche avec celui  des synthèses et la « xin jia ».je suis donc dextrement surpris, voire désemparé  et me demande si je ne me suis pas trompé de stage, d’endroit, d’école,  de pays,….d’orientation….je vais meme jusqu’à me  poser la question de savoir s’il est utile que je me lance dans un nouvelle enchainement,…si je ne dois pas plier bagage séance tenante …, mais le vin est tiré, et il faut maintenant le boire, car n’étant pas seul à table… !!! Olivier est là, désireux d’’apprendre….tout comme moi, somme toute !!

Rencontres

Me voici… nous voici lancés , investis dans cette aventure.. !!!

Nous faisons partie d’un groupe de quinze personnes environ, représentatif en population du reste du stage. Je ne le regretterai pas, car outre la passion progressive de cet enchainement communiqué par le brio pédagogique de Sou- Jie,  j’y ai côtoyé des personnes fort intéressantes, notamment issues du groupe ancien, côtoyées en dehors des entrainements..

Outre le maitre à propos duquel il ne m’est ni possible, ni surtout permis de m’étendre davantage, tant ce stage fut  bref, tant il m’a peu été donné d’être en contact direct, outre quelques généralités échangée  en mandarin (je progresse, lentement… mais surement !! )  j’ai pu lier connaissance avec d’autres personnes.

Alain Caudine, un des responsables , sans doute Président de l’Irap, 67 ans, vivant à Mauléon, dans le bas sud ouest,  disciple de Wang Xi’an, auteur de plusieurs ouvrages sur la pratique du Chen . Après un parcours dans le microcosme des arts martiaux qui l’a conduit d’une pratique dure du karaté Shotokan , seize années durant, à la découverte et la pratique, pendant dix autres années du tai chi de style Yang, il découvert ensuite le Chen ; il décrit cela dans son dernier ouvrage, « Itinéraire d’un défi » , aux éditions Trédaniel , selon un témoignage poignant , lecture que je recommande à tous mes élèves.

Plusieurs voyages en Chine, à Chenjiagou , berceau de cette école, l’ont conduit à en maitriser toutes les formes de ce style, puis  à devenir un des disciples européen de ce maitre ; Il assure le fonctionnement et le développement de l’Irap, en France, ne donne plus de cours, mais  assure des stages pour les enseignants, selon un programme préétabli, selon une progression pédagogique arrêtée, en harmonie avec les exigences de la fédération française de Wushu .  Doux, simple, calme, sur de sa force et du bien fondé de sa pratique, il est un des pionniers du Chen en France, et par là meme,  persuadé de la suprématie de cette école  sur les autres styles de taic hi, estimant que de toute manière, » au début était le Chen » ; il doute par exemple, de la pertinence d’un enchainement tel que celui  des  synthèses, car il estime , et peut être à juste titre,  pour en avoir étudié deux de très près, que les sensations inhérentes à un style  étant rigoureusement différentes de  celles d’un autre, il est par définition  difficile de les combiner au sein d’un même enchainement.

Il porte à son Maitre le plus grand respect, estimant qu’il est capable de prodiges notamment en matière d’applications martiales et  surtout  d’explosions de force, ou fa jing.

Son attitude n’est en rien arrogante ou condescendante, au contraire, meme s’il est pénétré de ses convictions, il ne manque  jamais  d’écouter et d’entendre, avec le plus grand respect, l’expérience d’autrui ; j’ai décidé de garder le contact ave lui, car je me suis bien senti à ses cotés. Je recommande à mes amis québequois, qui me liront sans doute, de le faire venir pour diriger un stage  , car son approche pédagogique est simple, cordiale, efficace !!

Philippe Delage, 67 ans, vice Président de l’Irap,  également disciple de Maitre Wang Xi’an, étonnement bien conservé pour un âge qui me semble bien avancé, d’une souplesse articulaire déroutante, Ancien berger dans le sud ouest, ancien videur de boite,  il a choisi de tout brader pour se consacrer à la pratique, après avoir  fait aussi un peu tous les métiers .

 il enseigne encore près de Montauban,. ; il a partagé ses voyages à Chenjiagou avec Alain,  avec qui il est co- responsable de l‘Irap en France ;  il me fait l’effet d’un guerrier révolté contre toute forme de conventions ,  de protocoles et d’institutions officielles  ; c’est lui qui m’accueille avec la plus grande gentillesse lors de mon arrivée ; nous nous séparerons sur une incitation de sa part à venir dans sa montagne, bosser avec lui sur les applications martiales du Chen ;  tout au long du stage, il s’avérera disponible, abordable,  pour aider l’un , conseiller l’autre, encourager  , orienter, «  donner » aux gens en somme.

 Le Maitre a toujours les élèves qu’il mérite… !

Sou Jie.

Petite femme chinoise  d’une quarantaine, râblée, courte sur patte, tonique, dynamique, mais réservée et résolument martiale,  elle sera notre professeur  et guide, à Oliver et à moi tout au long de ce stage. Ne parlant ni espagnol, ni français, et aucun d’entre nous ne maitrisant suffisamment le mandarin pour  la comprendre, elle fait pourtant passer son message avec sa foi ,  la force de sa conviction, son ’amour latent de la pratique ,  grâce  aussi à une dizaine de mots en anglais, comme « ok », « good », » no good », » follow me », »  again, » «  relax »  » look » ;, elle parvient ainsi , grâce aussi à la justesse de son expression corporelle, à faire passer son message au point que nous avancerons à toute allure, avec le plus grand des plaisirs,  dans la découverte, puis l’apprentissage du premier tiers de cet enchainement ,  pourtant des plus complexes .  De temps à autre, estimant que son message n’avait pas ou pas suffisamment été perçu, elle fera appel à l’interprète, criant d’une voix aigu à destination du groupe ancien, « cidiàn », soit interprète, ce qui veut aussi dire…. dictionnaire !!

Sou- jie nous fait travailler les séquences les unes après les autres, commençant par la forme  afin de mémoriser, passant ensuite au fond, corrigeant les pieds, les hanches, les  dos, les  tètes, , et les  mains, les écarts, les rythmes  de tout un chacun ; elle termine toujours par une démonstration par deux avec un partenaire, jamais le meme ,   afin de justifier la technique en cours,  et de la rendre ainsi identifiable ,  applicable , donc mémorisable.

Je n’ai jamais travaillé aussi intensément en observation , et avec autant de plaisir, car me sentant accompagné et balisé par un guide attentif à la bonne exécution de mon travail !!

Lorsqu’elle estime que la nouveauté est à peu près assimilée par tous et toutes , elle passe à la suivante, non sans omettre chaque fois de  nous faire reprendre depuis le début, exigeant une posture irréprochable, une concentration  permanente, en  un nombre de répétitions impressionnant : elle fera toujours tout avec nous, sauf en fin de cours, lorsqu’elle propose à de petits  groupes de travailler ensemble, devant le parterre assis des autres, invités à être critiques. Jamais de propos négatifs,  méprisants, ,  de critiques acerbes sur le travail ou les personnes ,n’émaneront d’elle ,   seulement des corrections, de l’accompagnement, et surtout des encouragements, notamment en direction de la quantité de répétitions à exécuter seuls, lors de nos entrainements personnels,  qui selon elle, nous conduira à l’auto correction et à la qualité, de par notre naturelle propension à éduquer notre corps par notre esprit et notre esprit par notre corps.

Song Keat .

D’origine cambodgienne, d’âge pour moi difficile à déterminer, mais approchant en tout cas la cinquantaine,  résident dans la région de Poitiers, trésorier, si je ne me trompe pas de l’Irap, Song de par sa qualité de bilingue français et mandarin, s’est  mis avec la plus grande disponibilité au service  de tous, lors de ces tage, pour assurer avec une extrême précision et une très grande sensibilité, , la traduction des propos, des explications et des recommandations de Wang Xi’an, mais aussi de son assistante Sou Jie . Ses traductions, toujours empreinte de la recherche du mot juste, de la comparaison adéquate, du parallèle évocateur, de l’expression ou de la mimique appropriée, nous ont considérablement aidés dans notre compréhension ; ses qualités  sont aussi l’expression d’une maitrise certaine d’un pratiquant de longue date. Il ne m’a pas été permis de savoir s’il enseignait, ce que j’espère qu’il fait !! .C’est en tout cas auprès de lui qu’il nous sera possible de nous procurer des Dvd  et autres outils didactiques propres à cette école.

Alain Gabriel .

Alain a été un charmant compagnon de stage, qu’il m’ a été donné de côtoyer exclusivement  lors des déjeuner ou des diners, puisque nous ne faisions pas partie du meme groupe

Alain est un élève avancé de l’Irap   , il en est meme un des cadres, puisqu’il dirige trois associations de Tai- chi dans la région de La- Rochelle,  ou , il travaille encore, à 72 ans, pour l’institut de Geobiophysique, ; il me recommande vivement de contacter cet organisme qui a sans doute une succursale à Lyon, car selon lui, sa technologie avancée en matière de cristaux  pourrait me permettre d’envisager de me faire remplacer mes ligaments  croisés des genoux, tous  » perdus à la guerre ». Alain  a débuté les arts martiaux avec le judo, à l’époque ou cet art était un, puis a poursuivi par la boxe anglaise, le karaté, pour  arriver au tai- chi de Chen, après avoir longtemps pratiqué celui de Yang.

Il me semble très ouvert à toute forme de pratique et de ce qui constitue pour lui une nouveauté ; il me demande ainsi comment  il lui serait possible de se procurer un DVD de l’enchainement des synthèses authentiques ; je lui recommandai de se connecter sur You tube, en tapant « Wang Fu lai », afin de trouver les vidéos dont il a besoin, car il n’existe encore, et sans doute pour longtemps, aucune vidéo de l’école Chen ming »

Je souhaite garder l’enthousiasme, la fraicheur, l’ouverture, l’esprit critique,  de découverte  et d’émerveillement propre à cet homme remarquable… si je parviens  à vivre aussi longtemps  que lui !!

Bertrand Perrier

Bertrand est une des deux personnes, qui , avec Philippe Delage, nous accueille lors du premier jour de stage ;  la trentaine souriante, gourmand de partager l’histoire et le parcours  de ceux qu’il rencontre ,  aussi de faire largement part  de la sienne, Bertrand, enseignant professionnel de  l’Iirap  à Beaumont de Lomagne, dans le sud- ouest, est éducateur sportif ; il s’intéresse  à tout ; ex éducateur pour enfants handicapés, il raconte avec passion sa lente et progressive utilisation du Qi- gong dans l’approche éducative  de certains enfants autistes qu’il est fier d’avoir fait progresser, meme s’il estime  modestement que ce n’est pas une évolution tonitruante ; ancien musicien, batteur de métier de haut niveau,  il a précédemment parcouru le monde avec diverses formations , pour jouer sur plusieurs continents ;  l’argent et la célébrité pointant le bout de leurs nez, en compagnie de celui des contraintes et des obligations,  il a un jour rencontré le Tai- chi ,et décidé de construire sa vie autour ;  généreux dans ses conseils et sa prise en charge immédiate  d’autrui, il constitue à lui seul un vrai bréviaire de la gestuelle en général , martiale  ou pas,  pourvu que ce qu’il fait ou dise soit orienté vers le bien être d’autrui. Actif, trop d’ailleurs, il s’éparpille, à mon humble avis,  mais toujours avec la sincérité et l’entièreté qui le caractérise, vers diverses pratique, entre autres,  qi gong, le  tai chi, le  yoga, le  sabre japonais, le Jet – Kun- do, les massages,  et bien d’autres choses dont il a sans doute oublié de mentionner.

Il me recommande la lecture de deux ouvrages écrits par des batteurs de formations  musicales célèbres- dont celui de Great full Dead, formation californienne célèbre des années soixante-  qui, au travers de leur récit, établissent un parallèle entre le geste martial et celui,  musical. « la voie des chamans », de G. Heart, aux Editions Gary Dore, et Rythme et geste », de Georges Paczinsky   Je me promets de communiquer les titres de ces ouvrages à trois de mes  élèves avancés, batteurs  depuis de nombreuses années. Bertrand me fait promettre de lui communiquer les coordonnées de Calam ,  Centre littéraire des Arts  martiaux en Auvergne, ou la pratique de la méditation  assise qui y est enseignée l’intéresse, dans la mesure ou il rêve lui-même de construire un centre analogue ou il proposerait toutes ces disciplines. Les personnes qui auront la bonne idée d’aller  découvrir et apprendre sous sa direction ne pourront tomber sur un enseignant plus attachant, véritablement mu par le désir de leur transférer en bloc ce qu’il sait et ressent.

D’autres rencontres

J’ai été particulièrement friand, lors de ce stage, à tenter de multiplier les contacts en espagnol, afin tester mes restes de connaissance de la langue de Cervantès, que j’ai longtemps étudié. Ceci a naturellement favorisé les  rencontres  ; Pepa Vasquez, organisatrice ,  et son mari, Olivier Croiseuil, , autre traducteur français –espagnol lors de ce stage -, sont également deux personnes attachantes, tournées vers autrui,  qui dirigent en plein centre ville, un superbe dojo de 150  m2, ou de nombreux élèves aiment à venir se ressourcer sous leurs  bienveillantes directives.  

L’Irap 

La transmission du Chen est assuré en France, par les disciples de maitre Wang Xi’an, qui ont érigé l’association « Irap », soit l « ’Institut de la recherche d’application du poing. »

Cette association est dirigée par Alain Caudine , Philippe Delage et quelques autres.

Cet institut se consacre uniquement à l’étude et la transmission des techniques et  des  enchainements de l’école Chen, et se décompose en deux parties, l’Irap externe, ouvert à tous, avec le Maitre et ses disciples, et l’Irap interne, qui concerne essentiellement l’école des cadres ,  selon un programme  élaboré , ciblé , ultra précis et fixe, réparti en trois niveaux.

Les examens ont lieu devant des jurés dela FfW , Fédération Française de Wushu, au sein de la quelle l’Irap essaie de placer un maximum de gens compétents afin que les examinés le soient en toute connaissance de cause, et non par le style Yang dominant, avec les dirigeants des quels il semble qu’il existe quelques tensions palpables ; leur problème semble ainsi  ressembler en tous points avec celui généré par la prépondérance du style shotokan dans la Ffkda. Le sérieux de leur organisation tranche bien évidemment avec ce que j’ai connu auparavant. La formation assurée par les cadres de l ‘Irap   assure un diplôme, selon un contrôle continu, pour lequel entrent  en compte la connaissance, l’assiduité, la sincérité, la persévérance, l’ouverture d’esprit comptant autant que la performance technique.

Le même type d’organisation existe dans les pays européens ou le Chen s’efforce de figurer

Ces associations sont  fédérées depuis Chenjiagou et la Chine  par l’association chinoise, dirigée par la présidente, si j’ai bien compris, qui n’est autre que Sou jie, l’assistante de Maitre Wang Xi’an. Des stages en Chine sont ouverts à tous ; le Maitre, en fin de stage, nous incite d’ailleurs, Olivier et moi, à envisager le voyage à Pâques, lors du prochain stage, ce qui je dois le dire, me tente beaucoup .La logique voudrait que j’aille d’abord à Taiwan voir Wang Fu Lai, afin d’asseoir ma  pratique de l’enchainement des synthèses authentiques selon les correctifs préalablement instillés par Paolo Magagnato .

L’école Chen  comporte plusieurs enchainements,

–  Lao jia, yi lu (vieille forme un) 
– Lao Ji er lu (vieille forme deux ) 
– Xinjia (nouvelle forme) 
– Zhong He 
– Pao chui (le poing canon), semble t’il plus explosif.

 Il existe aussi une codification pour les tuishou propres au Chen

-Le travail aux trois  armes ; épée, lance, hallebarde.
– Le travail préparatoire de Qi qong.

Celui-ci, pratiqué consciencieusement lors de chaque début d’entrainement, ne révèle aucune nouveauté par rapport aux diverses écoles dans les quelles j’ai eu l’occasion de m’investir, tant son déroulement progressif et logique m’a semblé pertinent.

Cette base de préparation, méthodique et complète, permet d’échauffer harmonieusement et sans heurts, d’assouplir, de réveiller le corps énergétique en mobilisant toutes ses composantes  des pieds, chevilles, genoux, taille, hanches, bassin, articulation coxo fémorale, colonne vertébrale, tronc, ceinture scapulaire, coude, poignets, doigts, au  cou et cervicales.

J’ai toutefois noté qu’il n’a jamais été question de la pratique prolongées de postures, ni du détail des points vitaux  constituant le corps énergétiques

 4- Déroulement global du stage

Il n’est, lors de ce rapport, nullement dans mon intention de détailler par le menu la texture de chacun des techniques abordées avec Sou-Jie ; en effet, ce travail ayant  déjà été de longue date  fait de main de Maitre  par Alain Claudine dans son remarquable ouvrage, « a la source du tai ji , aux éditions Tredaniel, »  cette somme, agrémentées de photos, d’explication détaillés , de pictogrammes évocateurs, ne doit donc en rien être écornée par un débutant dans ce style . Je veux donc simplement  évoquer, d’une manière laudative, les cinq heures d’entrainement quotidiens pendant cinq jours intenses , basées sur la répétition progressive, l’assimilation technique par technique, séquence par séquence, selon la dimension gestuelle de forme puis de fond, puis selon l’application martiale, relevé d’une manière de procéder proche de celle que j’aime à employer lorsque j’enseigne le tai chi des synthèses.

5- Réflexions, perspectives, objectifs.

La pratique du Chen est fort attractive.

La structure qui l’entoure est en tout point rassurante  et également attirante.

Les gens qui la composent me semblent receler des qualités techniques incontestables,  connexes à celles que je recherche dans ma pratique, mais aussi humaines, pédagogiques et organisationnelles   .  De plus, le Chen constitue  historiquement, la source de tous les tai-chi.

La légende raconte en effet que sa transmission s’effectuait d’une manière orale uniquement  entre générations de la famille du fondateur  ; un jour, un serviteur de la  famille Chen demanda avec insistance à être initié, ce qui lui fut platement  refusé ; ce dernier prit alors  le partie d’espionner les entrainements , puis de pratiquer seul ; au bout de quels années, il reformula sa requête, ; voyant les progrès spectaculaire qu’il avait effectué, il fut finalement exceptionnellement accepté comme disciple ; après quelques temps, il quitta ses maitres, pour fonder sa propre école, selon de profondes  modifications de la forme, de la hauteur de la  posture de base, de l’ordre des séquences ;…. ce serviteur se nommait  « Yang » ….

Après lui,  les styles Wu, (il y en a deux différents) et Sun, naquirent  une peu de la  meme façon   .  Celui des synthèses reprend, avec une once de Pa- qua, un soupçon de Hsing Yi, les principales caractéristiques de toutes ces grandes familles   . Le caractère authentique des enchainements de l’école Chen recèle, ainsi un attrait supplémentaire.

Il n’est toutefois pas dans mon intention immédiate d’introduire l’apprentissage de la « lao jia » à Atemi Mont d’Or, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord,  tous les élèves qui me font confiance depuis très longtemps,  sont, pour certains d’entre eux déjà fort avancés dans la pratique, l’exécution et l’application de l’enchainement de  l’enchainement des  synthèses  .

Ensuite,  le récent contact avec le représentant européen de Wang Fu lai, responsable mondial  de l’école Chen ming, nous  a déjà amène  à récemment  modifier notre taïchi, selon la mouture originale, celui que nous avons pratiqué de 1993 à 2009 étant une version propre au maitre japonais que nous suivions. Ceci n’a pas  manqué » de déranger un certain nombre de mes élèves, ce que je trouve bien légitime ; ils ont pourtant accepté de très bonne grâce cette évolution, qui fut   , pour certains, une révolution….. !!

Ensuite, la position de base de l’école Chen, tout enchainement confondus, est une position hyper- basse sur les jambes, générant une sollicitation des genoux, qui n’est pas sans me rappeler ma pratique assidue et déraisonnable du karaté Shotokai, au cours des onze années de mon parcours, de 1973 à 1984. J’avoue que ces positions basses, excellentes toutefois pour la structuration jambe-cuisse –bassin, ne me conviennent  plus , mes genoux ayant par trop servi !!  il ne me parait donc pas ni pertinent ni honnête de vouloir enseigner une chose sans être, sur le long terme, capable de l’exécuter correctement ; le Maitre Wang Xi’an a d’ailleurs pris la peine de venir me recommander , en personne, lors de ce stage, de ne pas forcer sur ces articulations, si j’estimais que cela pouvait m’être préjudiciable, car m’a t’il fait dire par l’interprète, l’excès n’est pas bon , la pratique  meme si elle est assidue et sérieuse , doit s’arrêter lorsque  la gène ou  la douleur, se manifestent, acides sentinelles  de notre déraison et de notre orgueil..

Je conclue en  prétendant que quelque soit la forme de tai- ji  que l’on travaille, il est incontestablement possible d’accumuler des sensations internes,, propres à améliorer notre santé et notre capacité martiale, et qu’il ne convient pas de culpabiliser parce que nous ne sommes pas directement connectés à la source .

J’estime par ailleurs qu’un enseignant digne de ce nom se doit, par respect pour ces élèves, d’évoluer, d’apprendre, de se remettre en question, afin ne pas rester  cristallisé sur les acquis issus d’un seul courant de pratique, surtout lorsqu’on l’a quitté et que l’on se retrouve livré à soi meme.

Peu désireux toutefois d’abandonner ce que j’ai perçu lors de ce stage, je me fixe comme objectif :

– De garder un contact si possible étroit avec Alain Caudine 
– De me procurer le pack vidéo propre à l’école .
– De bosser le tiers entrevu de la « Lao jia » avec Olivier 
– De participer à quelques stages avec Alain, afin d’apprendre la suite et la fin…voire le reste.
– De la montrer, de l’évoquer, d’en parler,   à défaut d’enseigner ou de transmettre, la somme ainsi acquise, à ceux de mes anciens élèves qui le solliciteront.
-D’aller, si possible,  au moins une fois à Chenjiagou ,… pour voir !!

 L’avenir et son lot d’incertitudes  allié à son » jaillissement d’imprévisibles nouveautés » (Bergson)   me dictera, de toute façon, la conduite à tenir, et la politique à suivre.

…à moi ou ceux qui voudront bien prendre ma suite .

 ST Germain au Mont d’or, le 26 aout 2010.

Jean -Claude Guillot


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