Organisation, Chang Ming Europe, par Paolo Magagnato.

 Participants

Une quarantaine environ, émanant essentiellement du groupe de Paolo de Milan (movimento e percezzione), de celui de Sardaigne, (Cagliari et Porto Torres), de Pescara, (côte adriatique), de Zurich, et du Japon, ou l’école  Cheng Ming possède un représentant en la personne d’un Monsieur Mochizuki. La moyenne d’âge est d’environ 40-45 ans, équitablement  répartis  entre hommes et femmes  .L’apparence des participants n’est pas toujours sportive, mais leur implication dans le travail, très collectif,  est exemplaire.

Il est évident que la recherche n’est pas la même que dans les groupes combat dont j’émane..

Tous semblent se  connaitre et  bien s’apprécier depuis longtemps,

Leurs retrouvailles sont affectueuses, bruyantes, sous formes d’effusions  démonstratives sympathiques. Je suis immédiatement intégré dans leur  groupe, alors que personne, à part Paolo, ne me connait ni d’Eve ni d’Adam ; tous et toutes viennent me demander qui je suis, de  décrire mon parcours, ma formation, mon âge, ma famille, et…. tutti quanti…

Tous, quasiment, sont d’anciens élèves de l’école que je viens de quitter.

La plupart contribuent, ensemble ou à tour de rôle, à m’avertir de l’extreme différence d’objectifs, d’ambiance, de pédagogie déployée dans l’école Chang ming,  des qualités humaines de maitre Wang Fu Lai, et de maitre Wang Su Chun. L’ambiance est  imprégnée des préparatifs de  la fête, car 17 élèves vont procéder ce soir là à  cérémonie du » bai shi. »

 

Vendredi soir 15 mai :

La pièce dans laquelle se sont  effectuées retrouvailles, puis préparatifs, est  enfin délaissée, pour rejoindre une autre salle, plus vaste et plus solennelle, au fond de la quelle est disposé un autel drapé de rouge,  au sommet duquel est placé un portait photographique de Maitre Wang chu Jin, héritier de Chen Peng lin, fondateur de la  méthode ; des fleurs, des fruits et des bouquets d’encens  sont disposés en abondance, devant un parterre peuplé de coussins rouges, disposés en rangée   jusqu’à celle des sièges, réservée aux spectateurs,

Dès mon entrée dans la pièce, j’aperçois Me Wang Fu Lai, minutieusement et laborieusement occupé à parfaire personnellement  l’ordonnancement  du  lieu du cérémonial ; Paolo insiste pour me présenter immédiatement … La poigné  des deux  mains prolongée  est plus que chaleureuse ; le maitre est un homme de 69 ans, petit , mince, dynamique, spontané ,  en bonne santé, plus que souriant, simplissime et affable ; je tente quelques phrases en mandarin, que miracle, il comprend, en profitant aussitôt  pour me répondre selon un débit  pour moi inaccessible, me renvoyant à la conscience de mon encore piètre niveau en chinois !!  Maitre  Huang  su Chun, semble avoir entre 50 et 60 ans, petite,  belle ombrageuse aux longs cheveux bruns,  distinguée, digne,  presque effacée, puis  tout à coup souriante et également affable et disponible.

Le bai shi est une cérémonie initiatique.

Paolo m’explique que ce rituel, comparable à l’attribution sans examen technique d’ un diplôme de ceinture noire dans les écoles japonaises,  fait pleinement partie de la tradition chinoise des authentiques écoles d’art martiaux, dont le principe consiste à n’intégrer des nouveaux membres  que si ceux-ci ont accepté de participer à ce cérémonial, prêtant ainsi tacitement allégeance à un ensemble de valeur spirituelles  philosophiques et comportementales , qui ne m’ont pas été déflorées à priori, ce que je regrette .

L’élève doit, selon le principe pyramidal, prêter publiquement allégeance à son professeur, S’il devient à son tour enseignant, puis maitre, il pourra faire de meme  avec ses élèves, et ainsi de suite tout au long de la chaine de la transmission.

Il doit en outre, remettre publiquement et cérémonieusement à son professeur une enveloppe rouge contenant une somme d’argent, dont le montant est laissé à son libre arbitre

Il devient ainsi officiellement l’élève de cet enseignant..

A partir de là,  il est en mesure de recevoir » l’enseignement secret » de l’école  et est habilité à le transmettre  . Le cérémonial prend alors toute son ampleur : les 17 candidats , tous vêtus d’un t-shirt noir floqué pour la circonstance,  sont invités à s’agenouiller sur les coussins rouges, puis à réciter ensemble une charte d’allégeance, puis à se prosterner, se frapper le front à terre selon le rythme donnée par la Maitre, à se relever,  puis à réitérer un nombre interminable de fois ce processus  quasiment liturgique ; l’atmosphère solennelle, feutré, l’assistance silencieuse et surprise, l’odeur d’encens, les mains jointes,  ne sont pas sans me rappeler le culte  catholique auquel j’ai depuis  bien plus de quarante ans choisi de tourner le dos, justement de par  la gène que me confère ce type de manifestation  ; je le trouve d’autant plus déplacé qu’il se déroule sur mon sol européen,  que l’objet de l’association que j’ai créé consiste  justement à adjoindre, sans attitude ostentatoirement et résolument sinisante ou nipponisante,  les valeurs énergétiques comportementales inhérente à notre pratique, à  notre  culture occidentale, afin qu’elles soient effectives selon la conscience et la réalité de notre temps. La majorité des » pénitents » ne semble se poser ce type de question ; tous s’adonnent avec foi et ferveur  à la  cérémonie , qui se termine  par un remise  de badge par les professeurs respectifs, de vigoureuses poignées de main, des applaudissements chaleureux interminables ponctuant cette cérémonie  ; un délicieux repas végétarien  debout est ensuite offert, qui permet de multiples échanges, rencontres et discussions Il me faut jongler entre le chinois, l’anglais , le français et l’italien, non sans quelques dérapages linguistiques .

Je ne regrette pas de ne pas avoir cédé à l’insistance de Paolo pour participer à cette cérémonie ; mais ma sincérité n’aurait ce jour là été au rendez vous, mon coussin rouge étant d’ailleurs demeuré vide. Je ne suis pas prêt.  Peut être effectuerai je un jour ce pas, mais à condition que cela soit  sur le sol chinois, au sein de leur culture, à laquelle il me semble que j’aurai alors à conformer,  et surtout lorsque j’aurai obtenu de  qui  de droit davantage d’informations quant à la fameuse philosophie qui  sous tend cette école, ainsi que  le nature de cet  enseignement secret, semble t-il basé sur le Pakua et le Hsiung Yi chuan , boxes internes chinoises  dont les riches séquences peuplent, d’un bout à l’autre, notre tai-chi des synthèses authentiques. Je ne m’opposerai en tout cas pas à ceux de mes élèves qui souhaiteront souscrire à ce rituel avec Paolo, sur le continent  qu’ils auront choisi.

Ce fut malgré tout une expérience enrichissante, et je remercie Paolo de ma l’avoir fait connaitre.

 

Samedi 15 mai 2010- Séance d’entrainement du matin .

Préalable d’introduction à la pratique : Le « quadryptique » de l’école Chang Ming.

L’école de Maitre Chen Pan  Ling, maintenant dirigée par maitre Wang Fu lai, assisté de maitre Wang su Chun, possède une représentativité au niveau mondial, puisqu’elle  de fortes délégations notamment en Australie, en Israël, aux Usa,  en Suisse  et au Japon ; elle cherche à s’étendre en Europe, par l’entremise de PaoloMagagnato, en qui maitre Wang Fu  lai voit la bonne personne pour développer cette mission .Un site est d’ailleurs  en cours d’élaboration. Le principe  de cette  école repose sur quatre valeurs, ou composantes principales, qui sont :

 

 

1-La recherche de bien être et de santé.

La pratique repose sur trois séries de Qi gong, soit celui des 5 postures pour les organes, les huit  postures pour les tendons, et les 12 postures pour les méridiens

Le tai chi des synthèses authentiques fait également partie de cette pratique de santé

2-Le combat, mais pas comme nous l’entendons.

Il est beaucoup moins question de travail percussif, d’attaque, d’anticipation, de combinaisons, d’enchainements poings –pieds,  mais plutôt de défense, de self défense, basée sur des dégagements de saisie, des clés, des projections, des poussées des tirées, cultivées par de nombreuses séries variées de travail de pousse mains  (Tuishou )  ; il et impensable d’envisager de combattre avec des protections ; les situations martiales sont envisagées  selon des conventions, et ne donnent  pas lieu à des tests, des séances de combat libre violent  comme dans les écoles de Karaté ou de boxe Thaï.

3-L’art dans la pratique, ou la recherche d’esthétique

Je crois comprendre qu’une forme d’esthétique est recherchée par la pratique, prophylactique ou martiale, visant à le tension vers la perfection du geste, d’où découlera son efficacité.

4-La philosophie

C’est là bien évidement un aspect fort important de la pratique, dont les principes, s’ils y en a de confidentiels,   ne m’ont, je le répète, hélas pas été divulgués.

Je soupçonne une dimension liée à une volonté de paix sociale, de non violence, de non agression, mais d’application ferme d’auto défense s’il y a lieu. Je sais par ailleurs que le bai shi effectué à Taiwan,  directement auprès des maitres ouvrirait à l’accès de trois outils profond pour la méditation. ( !!!??)

 

Mon partenaire d’entrainement pendant tout le stage

J’ai été immédiatement pris en charge par un jeune homme d’environ trente ans, qui est venu à moi, souriant, disponible, me proposant de me guider dès les exercices d’échauffement.

Etai il mandaté par Paolo ? Ce dernier a t’il craint qu’un ancien  de l’école dont il émanait lui-même  ne veuille ou ne tente d’instaurer  pendant le stage une manière de pratiquer  qui ne collait pas à celle de son école ? S’agit t-il d’une démarche spontanée ?  Je ne le saurai  jamais. Quoiqu’il en soit, Sergio fut mon guide et mon partenaire tout au long de ce stage, que cela soit pour les exercices d’échauffement, pour ceux de Qi Gong, ceux de Bagua, de Tai chi, ou de Tiu shou,  (pousse mains). Sergio a très exactement 35 ans ; il participe à ce stage  en compagnie de son  épouse ; ancien rugbyman, force de la nature de près de 125 kg, il allie, à sa force naturelle, une connaissance et  une aisance technique et énergétique qui font sans doute de lui  un des hommes de base de l’excellent groupe de Paolo.

Je voudrais, au travers de ces quelques lignes descriptives, le remercier chaleureusement t pour sa simplicité, son  respect excessif à mon égard, sa disponibilité, mais aussi sa  compé ténce par ailleurs déployée d’une manière détendue,  sa gestuelle, coulant comme un flux aquatique doux mais irrésistible. Merci du fond du cœur,  Sergio, de m’avoir si bien accompagné, qui  pratique les arts martiaux depuis 1970, qui ai suivi des dizaines de stages avec de multiples maitres ou experts, mais  n’ai jamais rencontré personne d’aussi prévenant et désireux de partager son savoir avec le premier inconnu venu. Je ne peux au passage m’empêcher de penser que certaines écoles devraient s’inspirer de ce type d’attitude pour accueillir les nouveaux venus, au lieu de les reléguer en queue de dernière ligne ,  de les abandonner à leur incompréhension, sans meme qu’ils aient  préalablement eu de la part des cadres  la moindre poignée de main de salutation ou de bienvenue , le moindre signe d’accompagnement ou d’encouragement ,Ne peut on pas penser que l’attitude des élèves est souvent connexes à celle de leur maitre ?

 

L’Echauffement type

Maitre Wang Fu lai tient à le diriger lui-même, placé devant les élèves, participant pleinement, vociférant  à la japonaise, au « golé  », soit le cri sonore et péremptoire   de départ, de changement ou de fin d’exercice. Le principe en est toujours le meme, selon ce que nous avait présenté Paolo en février lors de notre première rencontre à Lyon.

(Voir notes de stage avec Paolo Magagnato, en  Février 2010, sur ce meme  site, dans la meme rubrique) : Il s’agit d’échauffer les muscles et les tendons de l’ensemble du corps physique, en partant de la tète pour arriver aux pieds, en passant par  les épaules, les bras, le torse, l’abdomen, les hanches, les cuisses, les genoux, les jambes, les chevilles.

Il s’agit d’exercices  classiques de rotations, d’étirement, de flexions, d’adduction ou d’abductions propre à chaque groupe tendineux ou musculaire, ce sur les divers plans de l’espace. J’observe qu’à aucun moment, il n’est évoqué de connaissance ou d’intervention de la notion de corps énergétique, de chakras, de ligne de centre, mais que la consigne générale est de rechercher la détente, meme au travers d’une telle séance d’échauffement que je considère davantage comme u ne gymnastique somme toute dynamique, mais je dois en convenir, efficace pour se bien sentir avant les exercices techniques :  légère sudation, fréquence cardiaque à 85 ou 90, muscles et tendons en éveil, non sans une sensation de détente et d’allant. La bonne recette ne consisterait elle pas à allier ce type d’échauffement à un préalable, ou suivant, de Qi qong ?

 

Exercice de Qi Gong des tendons.

Je suis entendu, puisque le maitre initie une série de posture (Zhang zhuan), propre, dit-il à éveiller les tendons des avants bars et bras, des épaules, et à en relier la force à celle du dos et du buste en général .Il nous explique  que la droiture du dos et le poussé de la tète vers le ciel, alliés à la notion de bassin basculé  ne devrait jamais nous quitter, pendant toute le durée de cet exercice. Celui consiste à produire cinq positions de main dans l’espace,  que l’on peut tenir à sa guise, aussi longtemps qu’on le souhaite,  ou pas ; j’entends par là que  ces cinq postures (dont 3 variantes pour la troisième)  peuvent être pratiquées- reliées sans escale, ou peuvent être pratiquées en tenues, comme on le fait en Zhang chuan traditionnel et courant.

Il nous est également précisé qu’à chacune de ces postures, correspond une ou plusieurs applications martiales, essentiellement basées sur des clés, des saisies, ou de frappe défensive, en tout cas à très courte distance.

1-      Mains pendantes, le long des hanches, paumes en supination tournées vers l’extérieur

2-Mains en lecture, paumes ouvertes à hauteur du cou

3-Main en offrande, paumes tournées vers le ciel, au dessus  de la tête, coude écartés

Cette posture s’effectue au centre, puis à gauche (yang), selon une  rotation de la taille, un cercle  des bras, puis à droite, (yin), avec un cercle des bras avant de revenir au centre

4- Mains tenant une boule, paume contre paume, hauteur du cou, bras parallèles,

  bras décollés des aisselles

5- Mains ouvertes,  paumes vers le ciel, à hauteur de la taille, bras  en anse de panier

largement écartées.

Revenir sur la posture sur quatre appuis pour terminer.

Samedi 15 mai , entrainement de l’après midi

Exercice d’approche du Ba gua chuan.(ou Pa kua chuan)

Boxe des huit trigrammes, le Bagua est l’une de plus anciens arts  martiaux internes.

Il constitue, avec le Hsing Yi chuan, et le Tai chi des synthèses authentiques, le tryptique technique de l’école Cheng ming

Le Pakua et le  Hsing Yi imprègnent  d’ailleurs, de par leur caractéristiques techniques, cette forme de taïchi, dans laquelle ils alternent leur présence,  selon des procédés relevant davantage de la torsion, de la clé, de la saisie, de sa contre saisie, de frappe de defense, de très près, selon des segments courts, sans rupture de  distance longue  entre les antagonistes 

Le Bagua se pratique souvent selon des déplacements tournants, seul ou à deux, selon celui enseigné également dans le  Da Cheng  chuan, que nous avons  visité avec Christian Ribert  Lors de ce stage, Maitre Wang Fu Lai nous propose une série de huit techniques(complexes)  d’enchainement sur place, basée sur les dégagements de saisies, des renversements, des projections, des clés, ensemble fort complet, subtil et pertinent   Il ne m’a été possible d’en engranger mnémoniquement  que deux ou trois, parmi, les plus courts et les plus simples,  sans d’ailleurs être sur qu’elles se trouvent dans le bon ordre dans ma mémoire.

Sergio et de nombreux autres, pour les faire et les refaire avec moi, en se disponibilisant  totalement, n’ont  pourtant pas été  avares de patience et d’explications, puisque nous étions, entre les cours, plusieurs à les répéter sur le parking du gymnase ou avait lieu le stage 

Des  vidéos ont meme été prises, mais le maitre ayant strictement interdit qu’elles circulent meme entre les membres de l’école, on me fait par la meme comprendre qu c’est un honneur que j’ai été convié à cette journée de Pakua, en principe réservée aux seuls membres de l’école .Paolo me promet qu’il m’autorisera à filmer tout  cela  lors de sa prochaine venue en France , ou lors d’un de ses stages mensuels à Milan, auquel il me convie.

Je me sens orphelin de cet enseignement totalement nouveau pour moi, dont je suis incapable  de me souvenir en totalité, et qu’il ne me sera par conséquent pas permis ni pensable envisager transmettre à mon tour, avant de l’avoir correctement intégré ; j’avoue être déçu de pas avoir pu repartir avec un aide mémoire sur ces enchainements.

 

Dimanche 16 mai 2010- entrainement du matin.

Approche du tai chi des synthèses authentiques

L’enchainement transmis par le fondateur, dont la photo a émigré de la salle de cérémonie vers le gymnase, se révèle sensiblement différent de par certains détails, mais surtout de par sa destination, de celui pratiqué depuis 1986 avec Kenji Tokitsu.

Il convient tout d’abord de savoir que ce tai chi est des plus récent,  puisqu’il fut mis au point dans les années 50, à Taiwan, ou avaient émigré ceux des maitres d’arts martiaux qui avaient pu échappé à la terrible  et systématique  chasse aux sorcières des intellectuels et artistes de tous poils, menée par l’aimable régime démocratique de Mao Tse Toung .

La communauté chinoise de Taiwan, réduite à un microcosme, put ainsi sans doute se rapprocher ; les maitres de tai- chi présents décidèrent de ,faire  cesser les guerres de chapelle entre les divers styles antagonistes de tai-chi comme le Yang, le Chen, le Sun le Wu, et de composer avec qu’ils jugèrent collégialement comme étant les meilleurs séquences de chaque style, un tai chi réunifié, qui prit le nom de tai-chi des synthèses authentiques

Ils crurent meme bon d’en saupoudrer avec des séquences de Hsing Yi et de Bagua chuan, les deux autres arts internes de la chine

Cet enchainement de 99 mouvements et donc unique en son genre, puisque composite de six écoles différents d’arts martiaux ; j’ai d’ailleurs pu observer que de nombreux maitres chinois de tai chi n’en soupçonnent meme pas l’existence, alors qu’elle semble pourtant représentative d’un magnifique résumé des arts martiaux chinois

Lors des multiples répétitions qu’auxquelles nous procédâmes en ce long après midi, je notai plusieurs choses intéressantes, et pour moi inhabituelles.

Tout d’abord, maitre Wang Fu lai nous explique que cet enchainement en tant que tel n’a pas un sens  une signification, une histoire particulière ; il s’agit bien d’un registre technique destiné à l’apprentissage de techniques à la fois prophylactiques et martiales.

Il entend par «  martial » une approche davantage destinée à l’auto défense spontanée dans toutes les situations et positions, plutôt qu’au combat face à face, avec règles,  conventions et échanges de coups essentiellement frappés. Certaines des explications et des justifications qu’il nous donne de certaines des séquences,  m’ont ainsi semblé revêtir une destination davantage dissuasive que rédhiboire  en ce qui concerne l’intégrité physique de l’assaillant, telle que je les ai longtemps travaillé selon le s’interprétation, percussive, au demeurant très pertinente de Kenji Tokitsu . J’avoue être entré dans une période de ma vie ou la perspective de devoir frapper  quelqu’un, meme un agresseur, m’indispose énormément ; je me sens donc davantage attiré par cette dimension dissuasive, qui ne n’est toutefois pas dénuée de fermeté ni d’efficacité potentielle.

Maitre Wang Fu lai nous explique également que le tai chi se travaille beaucoup mieux selon la prise en compte de la dynamique de groupe ; il entend par là que lors de l’exécution collective des séquences, il convient de ne pas seulement être axé sur soi, sur sa propre  sensation interne, sur sa propre circulation énergétique, mais aussi d’être attentif à ceux du groupe, car une synergie se crée, que la maitre dit ressentir, plus ou moins, peu ou prou, selon de degré d’application et d’implication des participants ; il nous explique ainsi que le travail effectué le dimanche après midi lui a semblé  beaucoup plus pertinent  et profitable que celui effectué le dimanche matin ; il justifie cette remarque en affirmant que nous avons  alors bien davantage pris conscience du travail de groupe, le chi des uns ou des unes re jaillissant sur celui des autres, en une spirale bénéfique et tout aussi roborative.

Maitre Wang Fu lai exécute le tai-chi selon son entièreté, de la première section jusqu’à la sixième, et ce selon un rythme beaucoup plus lent de ce que nous faisons au dojo.

J’ai observé que cette manière de procéder permettait au plus grand nombre de suivre, et qu’outre le niveau plus élevé de quelques enseignants  ou anciens, celui des moins anciens étaient ainsi tiré vers le haute, grâce aussi à des niveaux intermédiaires, permettant de confirmer que la dynamique de groupe tous niveaux est également envisageable.

Je dois au passage saluer le remarquable travail avec son groupe,  de Paolo Magagnato , , hautement apprécié par la totalité de ses élèves ; il m’a ainsi été possible de voir bon nombre de dames  de tous âges, détentrices  d’un niveau global non négligeable, niveau  émanant de l’implication des enseignants avec elles ; les débutants complets  ont été invités, lors de ce stage, à travailler les premières séquences de la première section avec Maitre Wang su Chun, qui déploie sans sourciller, ou sans manifester son impatience ou  son désintérêt pour cette couche d’élèves, des trésors de gentillesse, de disponibilité et de pédagogie, afin que l’accès au savoir puisse être accessible , horizontalement au plus grand  nombre, charge à chacun de décider, ou pas, d’approfondir, en s’investissant davantage.

Il m’ été possible de relever de nombreuses différences inhérentes à la forme originelle de cet enchainement, par rapport à l’interprétation et aux transformation apportées par  le maitre de ma précédente école ; ces différences sont essentiellement basées sur la présence de techniques de Pa qua et de Hsing Yi, sur une recherche  de verticalité qui tranche avec le buste souvent penché en avant tel que je le pratiquai, avec une gestuelle plus ample, plus ouverte, plus légère qui tend à occulter les sorties de force, rapprochant cet enchainement des principes de l’école de tai chi de forme « Yang « , procurant par la meme une aération différente du corps énergétique .

Dimanche 16 mai, après midi, travail  de  pousse mains (Tui  shou )

Cet après midi est tout d’abord consacré à une série de démonstrations et de présentation de divers groupes, selon des enchainements de Bagua, de Hsing  Yi, puis. d’épée chinoise.

Les élèves de Paolo tout d’abord, puis Paolo lui-même, puis le professeur japonais, puis maitre Huang su Chun, puis Maitre Wang Fu lai nous proposent à tour de rôle un succédané de leur travail en tout  point fort intéressant. Je suis particulièrement intéressé par un des enchainements du maitre, et par la maitrise à la lance longue de Maitre Huant Su Chun

Nous passons ensuite aux exercices par deux, plus précisément une série de pousse mains qui, selon le principe de l’école, doivent se dérouler selon un toucher très léger, très fluide mais très collant, voire visqueux,  sans sortie de force, sans tentative d’enfoncement du centre de l’adversaire, en somme sans  mesurer les forces internes respectives, non sans cultiver la vigilance de la protection de notre centre. L’objectif de l’exercie en est le meme.

Le premier , classique tel que nous le pratiquons, sur le plan frontal, selon les directions avant arrière, s’effectue pied avant contre pied avant, tel que nous l’a fait faire Guo gui Zi à Lyon en Mars, (voir notes à cet effet) ; la conséquence est qu’il convient de bien baisser sur les jambes, afin d’absorber sans  heurt l’attaque de l’autre, et de solliciter l’appui du sol (yin) avant de renvoyer sur l’avant .

Le second s’effectue de la meme manière, mais avec le coude de l’adversaire couvert par la seconde main ; le principe  général en est le meme.

Le troisième s’effectue tel que le premier et le second, mais en rajoutant avec la seconde main, lors du retour en défense de la première  une défense en balayage du bras, appuyé et sous tendu par une rotation spirale du buste, le  tout en respectant les principes inhérents au deux premiers.

Le quatrième est le Tuishou  classique à deux mains, propre  aux techniques de Ji et de An de notre taïchi, la poussée de l’un e étant absorbée-écartée par les poignets de l’autre qui devient à son tour pousseur-  assaillant et ainsi de suite ; je note que cette technique s’effectue chez eux selon le mode coordonné, en tout cas il n’a pas été abordé sur le mode décalé , j’entends au niveau des mains ; il nous est également proposé selon des déplacements linéaires, avec consigne de conserver la légèreté et la conscience de la présence de l’autre selon  un échange de dialogue tactile léger commun.

Le cinquième, alliant les techniques de Ji et de An se travaille, comme nous le faisons selon nos acquis précédent, sur quatre points de contact, mais le renversement de la main s’effectue d’une manière plus complexe en passant non plus la main d’attaque sous et par l’extérieur de la défense de l’autre, mais par le centre, ce qui m’a semblé plus périlleux et davantage propice à installer une tension, ce que Sergio a pris maint fois la peine de me faire remarquer.

La synthèse et l’enchainement de ces techniques na ’ pas été proposée

Une longue séance de question nous est ensuite proposée.

Paolo encourage chacun des participants, y compris les personnes étrangères à l’école, à poser toute question pratique, technique, historique ou autre  qui vienne à l’esprit

Maitre Wang Fu lai prend manifestement un plaisir  non dissimulé à montrer l’étendue de son registre,  en répondant avec beaucoup de spontanéité et de simplicité, à de nombreuses sollicitations, toutes formulées par des personnes très à l’aise dans leur pratique, mais aussi très libre de poser des questions, même basiques ou simples, auxquelles ils savant obtenir une réponse, un concours, un accompagnement, quand ce n’est pas un encouragement.

Il m’est ainsi possible d’obtenir quelques éclaircissements sur les applications martiales de quelque unes des techniques de la quatrième section, dont Gao ten ma et zuo pau shi , pour lesquelles le Maitre me propose six ou sept applicatifs différents, tous aussi brillants les uns que les autres.

Le stage se termine dans un liesse festive, chacun congratulant le voisin, avec force compliments, embrassades et poignées de main.

La joie de pratiquer simplement, ensemble, selon un principe d’entraide  anime ce groupe.

Ceci me semble conférer une dimension péri- pédagogique non négligeable, que je me promets d’approfondir,  qui me semble en tout cas  plus propice que  l’effort solitaire en quantité et en qualité, surtout quand il es mené jusqu’à l’épuisement extrême, usant le corps et l’esprit à l’encontre des principes de bien être et de meilleure santé

Une longue séance de photos de groupe, n’excluant personne, ponctue cet agréable et riche stage.

Que peut apporter un tel stage ?

J’ai tout d’abord relevé la dimension essentielle des exercices de Paqua, et sans doute de Hsing Yi, que nous n’avons pas abordé cette fois ci. Le taïchi de cette école en est saupoudré à un point tel que la pellicule externe qu’elle lui confère le fait presque différer  gestuellement de celui issu de mes acquis précédents .  Le challenge est donc intéressant à relever, car il ouvre de nouvelles perspectives de découverte tout à fait connexes et compatible au travail de Yi chuan que nous essayons par ailleurs de  pratiquer.

J’ai eu ensuite eu  la confirmation, puis la conviction qu’il est possible de travailler dans la simplicité, dans le sourire et la  bonne humeur, sans cette détestable ambiance basée sur une hiérarchie  au sein de laquelle il convient de s’adresser, en amont ou en aval, à des intermédiaires pour faire passer son message ,poser  sa question ,lever un doute, une objection,   la conviction qu’il est possible d’étudier sereinement  selon des objectifs clairement définis, que  chacun prend le temps qui lui convient pour les atteindre, ces mêmes objectifs n’étant pas bouleversés en permanence par des modifications dites « essentielles » qui désorientent, sur le long terme meme les plus fidèles et les plus assidus

Cette pratique est basée  sur une  transmission traditionnelle qui n’a certes pas beaucoup évolué, mais qui a le mérite d’être  à la portée  de tous de par son caractère pérenne, d’une part, de par  sa simplicité d’autres part ; j’ajoute que ce registre technique constitue bel et bien une somme de travail  propre à remplir une vie de pratique

Enfin, cette conception du combat diffère grandement de celles sous tendue par  des exercices en confrontation directe avec protection ; la notion de défense individuelle et de graduation dans la nature et  l’intensité de la réplique me donnant le sentiment d’un  plus juste équilibre ultérieur ; ceci n’implique en aucun cas que nous allons abandonner ce type de pratique ; mais il est clair qu’elles ne constitueront plus l’objectif ultime ou essentiel  de notre pratique, mais un parmi d’autres.

Je continuerai à solliciter Paolo Magagnato pour diriger des stages à Lyon ; il  est un adepte de très bon niveau, et surtout d’un abord on ne peut plus simple et humain

J’espère qu’il viendra avec Sergio, à qui  je voudrais offrir le meme accueil.

J’envisage de rendre visite aux Maitres prochainement, à Taiwan, si cela m’est permis.

Si ce n’est pas le cas, certains de mes élèves auront sans doute cette chance, grâce à l’aide Paolo.

 Fait à st germain, le 24- 05- 2010


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