1 – Participants
2 – Exercices
3 – Réflexions personnelles à propos de la danse de l’énergie

1 – Participants  » Il n’y a de richesse que d’hommes… » Ce stage a été conçu et animé par Sensei Kenji Tokitsu, 59 ans, 8 e dan, fondateur de la méthode Jisei-do et de l’Académie Tokitsu Ryu International. Les 18 enseignants suivants ont participé, totalement ou partiellement aux entraînements. Leur moyenne d’age est d’environ 50 ans.

Maurice Fhima, 64 ans, 6e dan de l’Académie, dojo de Paris.
Raffaele Monteleone, 44 ans, 6e dan de l’Académie.dojo de Vercelli (Italie).
Oskar Guttierez, 46 ans, 5e Dan de l’Académie, dojo de Santander, (Espagne)
Luis Cunha, 56 ans, 5e dan de l’Académie, dojo de Lisbonne, (Portugal)
Bernard Lello, 51 ans, 6e dan de l’Académie, dojo de Lausanne, (Suisse)
Luis Carvalho, 56 ans, 5 e dan de l’Académie, dojo de Lisbonne,
Christian Hury, 52 ans, 5e dan de l’Académie, dojo de Paris
Jean Louis Jamet, 46 ans, 5e dan de l’Académie, dojo De Toulon
Michel Della -Torre, 48 ans, 4e dan de l’Académie, dojo de Lyon Charpennes (avec quelques retard par rapport à l’heure et même la date de son arrivée…)
Bernard Dervieux, 49 ans, 3e dan de l’Académie, dojo Des Mont d’Or
Jean Jacques Mondoloni, 50 ans, 3e dan de l’Académie, dojo de Paris,
Emmanuel Tarrière, 54 ans, 3e dan de l’Académie, dojo de Toulouse-Fousseret
Philippe de Grimal, 54 ans, 3e dan de l’Académie, dojo de St Raphaël
Patrick Kaftandjian, 46 ans, 2e dan de l’Académie, d’Aubagne
Salvatore Casule, 45 ans, 2e dan de l’Académie, dojo de Grenoble
Jacques Pous, 53 ans, 2 e dan de l ‘Académie, Dojo de Toulouse Fousseret
Pascal Ravoyard, 44 ans, 2e dan de l’Académie, dojo des Monts d’Or
Jean Marie Normand, 56 ans, 1er dan de l’Académie, de Sisteron
Philippe Barbier, 35 ans, ex-pratiquant Aïkido, dojo de Strasbourg
Jean Claude Guillot, rapporteur, 57 ans, 4e dan de Académie, dojo des Monts d’Or.
 

Denis Lazerme, 51 ans, cameraman-réalisateur, a filmé l’entièreté du stage afin d’en tirer un documentaire représentatif de notre méthode. Quelques élèves locaux de Sensei Kenji Tokitsu se sont joint à nous à l’occasion des cours réguliers, qui avaient lieu en soirée. 

2 – Exercices
La forme ne peut être exacte que si le fond l’est, d’abord…
Ma retranscription des exercices suivants, que Kenji Tokitsu nous a proposé lors de ce stage,n’est basée que sur la perception partielle que j’ai pu en avoir, et sur une sémantique ne traduisant pas forcément les sensations que d’autres participants plus avisés et perceptifs ont pu en avoir., et, à fortiori, sans doute éloignées de ce que le fondateur a tenté de nous inculquer… Certains de ces exercices sont même difficiles à nommer, risquant être confondus avec d’autres, similaires, mais pas identiques. J’espère donc que chacun y retrouvera ses marques et ses repères, l’essentiel étant en tout cas de pratiquer ultérieurement, et non pas de croire que l’on peut progresser grâce à la seule transmission orale, livresque. ou même picturale ; notre mémoire collective en tirera sans doute une synthèse objective à partir du ressenti et des souvenirs de tout un chacun. Je ne pense d’ailleurs pas que les lecteurs extérieurs à notre pratique soient en mesure de reproduire ces exercices. Ces notes de stage ont donc tout d’abord un objectif didactique, puisqu’elles aideront notre équipe d’enseignants du dojo à tenter de reproduire ensemble le plus justement possible ces exercices lors de nos entraînements, mais aussi anecdotique, compte tenu de l’énorme ferveur dont on fait preuve tous les participants pour tenter d’aborder et dans un premier temps, puis de comprendre, voire de situer cette dimension supérieure de pratique des arts énergétiques et martiaux, par rapport à nos parcours, vécus et niveaux respectifs.

Échauffement des omoplates
La main largement ouverte, cet exercice en vastes cercles de bras s’effectue selon les trois plans de l’espace, frontaux, sagittaux(verticaux) et transversaux(horizontaux), en direction del’intérieur ou de extérieur, à raison d’un nombre de répétitions à déterminer selon le temps et la motivation de chacun. Il me semble en tout cas comprendre qu’une vitesse trop grande ne favorise pas la recherche de ressenti en profondeur. Le bassin de doit en aucun cas être ante-versé, (cambré), mais au contraire en recherche d’ ouverture du dos ; l’émergence de Memon (ming men) doit être constante, tout comme la respiration doit être ample et profonde, par le nez ou la bouche., les jambes, légèrement fléchies et les pieds parallèles, écartés d’une longueur d’épaule, complétant le schéma.

Stimulation des cinq chakras avec le travail des boules de ki dans les mains
Ce travail a bien entendu déjà été effectué lors de nombreux stages de Kiko avec le Dr Yayama, ou plus directement, sous la direction de Sensei. Il consiste à éveiller durablement un profond ressenti au niveau des cinq chakras, qu’il convient de situer non pas seulement devant, mais entre la ligne « ren » – sur laquelle se positionnent les chakras du cou, du sternum,du plexus, du nombril et de tanden – et la ligne « du », -ou se positionnent les chakras de la nuque, entre les omoplates, de Memon et du coccyx – Il s’agit de former une boule de ki avec les deux mains laquelle est mue selon les trois plans de l’espace – frontaux, sagittaux transversaux, de manière à stimuler la zone interne comprise entre chaque paire de chakras, soit cou-nuque, sternum-omoplate, plexus seul, nombril-memon, coccyx-tanden. Les mains figurent ce que vivent ces zones, qui bougent elles même de la même manière que le font les mains. Une grande concentration et un profond silence intérieur me paraissent indispensable pour penser pouvoir approcher positivement ce difficile exercice. La respiration est ample et basse, la posture toujours la même. Ce travail a pour but d’améliorer la mobilité de chaque chakra. Ce travail doit également être effectué sur les points entre les yeux, puis au sommet du crâne, ce afin d’ améliorer la perception

Activation des lignes de centre et des chakras qui la composent.
Voici un exercice plus élaboré, basé sur le principe du « kundalini », soit l’intervention mentale de deux lignes de centre située de part et d’autres de « ren » (ou de du »). Le travail consiste, après avoir déposée index et majeur accolés sur la droite (ou la gauche) de chacun des cinq points de la ligne de centre, à activer la zone symétrique à la position des doigts, afin de la rendre vivante, mobile et disponible ; l’autre coté est ainsi sollicité de la même manière, puis la même chose pour les quatre autres chakras, qui sont successivement abordés selon de mini rotations des bras, toujours selon l’ordre suivant : Rotations frontales externes, puis internes. Rotations sagittales avant, puis arrière. Rotations transversales intérieures, puis extérieures. Chaque changement de plan, de sens ou de bras ne doit pas comporter de cassure de rythme, et s’effectuer de la même manière que lorsque nous intervertissons le sens du travail du dragon, dans le quatrième kata du Dr Yayama, propre à la préparation de Shaoshuten. Les rotations doivent être de petite envergure, de façon à ne déborder ni de la ligne de centre, ni à trop à extérieur de la structure corporelle.La recherche de sensation peut se concrétiser mentalement par la mise en place d’un quadrillage de tout le buste de zones mobiles plus élaboré et plus subtil que celui conférés par ceux de la seule ligne de centre.

Chakras kiko, ou transformation des six articulations principales du corps en chakras.
Cet exercice préparatoire à Daishuten a également été abordé il y a de cela quelques années, lors d’un stage à Paris en Mai avec le Dr Yayama,puis à Vesc, en Août, dans la foulée avec Sensei. Il consiste, selon le principe des demie boules de ki à l’intérieur des mains, agrémenté de la présence mentale adéquate, à assimiler chacune des six articulations du corps (chevilles-genoux-hanches-épaules-coudes-poignets) à des chakras potentiels. supplémentaires.La encore, chacune des six articulations est sollicitée selon les trois plans de l’espace, selon des rotations frontales, sagittales et transversales, qui leur permettent de pivoter concomitamment au travail de boule de l’énergie contenus dans les mains. Cet exercice se divise en deux parties, chaque paire d’ articulations pouvant être sollicitée soit en les rapprochant ou en les éloignant, soit avec la rotation dans un sens pour l’une et dans l’autre sens pour l’autre, soit dans le même sens pour les deux.

Exercice de daishuten.
Daishuten me semble représenter un exercice supérieur et difficile, -il agit de la troisième étape de niveau dans la méthode du Dr Yayama_que je n’aborde jamais seul, bien que l’ayant à maintes reprises travaillé sous la direction de Sensei, mais avec une sensation de « chantier insurmontable », en ce qui me concerne. Pour le mieux préparer, Sensei nous propose un travail préalable consistant, grâce à la neutralisation énergétiques de deux doigt (index -majeurs, encore), accolés l’un à l’autre, de façon à ce que leurs polarités respectives s’annihilent; Cette polarité permet également de mobiliser l’énergie. Le travail consiste à tourner ces deux doigts selon un mode spiral, ascendant, puis descendant, en partant du sommet du crâne, pour arriver sur Memon et coccyx, tout d’abord dans le sens horaire descendant, (visser), puis dans le sens anti-horaire montant (dévisser). Ceci doit être fait avec les deux mains, la spirale augmentant de volume au fur et à mesure que l’on se rapproche du bas, diminuant au fur et à mesure que l’on se rapproche du haut. L’exercice de Daishuten en tant que tel doit être basé sur une respiration très profonde, mais ceci ne signifie en aucun cas que nous devons la forcer afin de tenir à tout prix le circuit complet, ce qui est une abbhération; il ne faut donc pas hésiter à reprendre son souffle lorsqu’on en manque, soit lors de la phase expiratrice en direction du yin, ou à en relâcher, lors de la phase inspiratrice vers le yang. Un image mentale peut être associée à ce travail selon laquelle notre corps, assimilé au rythme de notre souffle vital, suit la courbe du temps, des saisons, avec le plein été lorsque l’inspiration est à son apogée (hyperpnée) mains pointes vers le ciel, comme un arbre portant ses fruits; le début de la décadence commence avec l’automne et la chute des premières feuilles, le début de l’expiration, les mains qui baissent lentement, puis l’hiver avec la mort des feuilles, le dénuement des arbres, et l’apnée complète, en guise de retour vers la terre, le sol, la mort, l’hiver. Le début de l’inspiration suivante correspond au Printemps, à la renaissance des choses et de la vie, avec l’hyperpnée complète, puis le début d’un nouveau cycle tendant vers une nouvelle apogée, et ainsi de suite.

Marche lente de Hai (ramper)
Cet exercice de base de l’ école Tai- ki- ken , déjà bien connu de la plupart des membres de notre groupe, recèle toujours les mêmes difficultés ; il doit donc être régulièrement revisité, en l’occurrence avec les nouveaux éléments de kundalini indiqués par Sensei.; la plus grande rigueur, doit donc être de mise, consistant à bien remplir une jambe avant que de déplacer l’autre, si,possible en décollant sans efforts le pied ainsi libéré. Ce travail très profond doit être considéré selon plusieurs dimensions. Une dimension énergétique, tout d’abord, puisqu’il s’agit d’intégrer, lors de ce déplacement lent, toutes les subtilités énergétiques déjà étudiées, afin de bien solliciter toutes celles des zones du buste qui nous permettent de ramper debout, et de bien déplacer la jambe arrière dans le temps. Une dimension résolument martiale, ensuite, dans la mesure ou ce travail doit correspondre, dans notre esprit, à un déplacement oblique dont l’objectif est d’aborder l’adversaire potentiel par le coté, en cherchant un angle plus favorable que lors d’une attaque frontale. Dans cette perspective, le travail de rituzen en déplacement, mais aussi celui de chi-li, avec sa potentialité explosive à chaque instant du déplacement, doit nous permettre de garder en tête que la zone de protection ainsi constituée doit demeurer un territoire inviolable ou personne ne peut et doit pénétrer.

Différents exercices de « danse de l’énergie à proprement parlé « 

  1. Dragon intérieur, fléchis sur les jambes séparées par une largeur d’épaule, pieds parallèles, avec main largement ouverte à plat, il s’agit d’effectuer avec le bras des rotations spirales internes à partir de l’auriculaire ; comme s’il était le guide du mouvement. Cet exercice doit être également pratiqué avec l’autre main, puis simultanément; il peut ensuite être opéré selon un déplacement circulaire (style Hakke sho du Pa qua Chuan),avec une légère suspension des mouvements de bras entre chaque pas. Un troisième stade de travail nous amène à un déplacement beaucoup plus rapide consistant en un enroulement autour de notre axe, successivement pratiqué avec un bras, puis de l’autre, sans déborder de notre axe central de déplacement.
  2. Dragon extérieur avec main en supination. (paume vers le plafond); le principe est contraire, c’est à dire que le pouce devient le guide externe ou extérieur du mouvement, les deux autres stades de l’exercice pouvant être abordés de la même façon que pour 1
  3. Dragon extérieur avec main en pronation; le principe est le même, à l’exception près que le dos de la main sollicitée regarde le plafond; à noter également que dans ce troisième exercice, l’autre main est sollicitée de la même manière.

Avec ces trois exercices successifs, tous les chakras de la ligne de centre et des kundalinis sont assez largement sollicités, entraînant la colonne vertébrale dans des contorsions de bon aloi, propres à en assouplir tous les micros groupes musculaires et tendineux. qui la ceignent de haut en bas. Il est ultérieurement intéressant de les alterner selon un mode très libre, selon un schéma multidirectionnel, selon un rythme choisi selon le niveau de compréhension et de perception de chacun. Il me semble toutefois observer que les personnes n’ayant préalablement pas pratiqué suffisamment d’heures de ritzu zen ou de mouvement préparatoires au shaoshuten auront plus les autres des difficultés à faire émerger de cette pratique des sensations positives. Cette impression est péjorée si le choix des musiques accompagnatrices n’est pas judicieux; de plus, chacun ayant un peu tendance à vouloir imiter ou suivre le ou les voisins, nos débuts me semblent quelque peu cacophoniques et désordonnées; il me semble qu’il convient de bien passer par les différents étapes ci dessus décrites avant que de vouloir « danser » couramment;….N »en va t’il pas de même pour la pratique du combat libre…!!!?

Renforcement chakras par chakras, puis d’ensemble, avec petites explosions multi-directionnelles.
Cet exercice déjà pratiqué d’une manière globale de longue date, s’avère plus précis dans la mesure ou chacun des cinq chakras de la ligne de centre sont successivement sollicités par de petites explosions agrémentées de la notion d' »apesanteur momentanée « , afin de rajouter du poids à l’impact ainsi recherché. Les explosions ne doivent pas être « débordantes », mais favoriser une ouverture -fermeture à la fois du dos et de la ligne de centre avant, tout comme l’exercice de charnière à deux que nous avons l’habitude de pratiquer en appui contre un mur. Déplacement du dragon interne, puis externe, sur le cercle, avec pas intermédiaire. Il s’agit en fait de pratiquer, comme sur place, les deux exercices de base de la danse de l’énergie, mais selon un déplacement circulaire tout à fait comparable à celui de « hake sho », du paqua chuan, par lequel on tente de prendre le centre de l’adversaire grâce à un déplacement circulaire sur huit pas, dispensateur de force centrifuge. Si le déplacement est le même, le travail des mains est different , dans la mesure ou l’on pratique soit le dragon intérieur en allongeant bien l’auriculaire, soit le dragon extérieur en allongeant bien le pouce; chaque mouvement de bras , supporté par un pas, m’a semblé suspendu lors du pas suivant, à moins que cela ne soit le pas qui soit suspendu lors d’un mouvement de bras ?

Chiko Kumi avec adjonction des membres supérieurs selon les trois plans de l’espace.
Cet exercice de Chiko kumi, – propre aux sumotoris -, que nous pratiquions assidûment,, plus ou moins justement déjà depuis 18 mois, mais uniquement avec les membres inférieurs, consistait, en partant d’e cette même position fléchie très basse, à donner un coup de pied (keri) avec la notion d’apesanteur momentanée, sans déplier la jambe, et surtout en s’appuyant sur l’énergie générée par l’extension de la jambe de support;.L’articulation du genoux donneur de coup de pied s’en trouvait ainsi préservée, et une plus grande rapidité d’exécution pouvait ainsi être envisagée, avec de moindres efforts, ce qui corrobore notre quête de pratique à long terme. Lors de ce stage, Sensei Kenji Tokitsu nous a proposé ce même exercice, mais agrémenté de mouvements simultanés et concomitants des membres supérieurs, s’inspirant de l’exercice précédent, et exécutés sur un rythme lent favorisant la recherche de profondeur. Un certain nombre de répétions sur chaque plan, dans chaque sens, et avec chaque bras doit être effectué, que cela soit dans le sens ascendant ou descendant, pour ce qui concerne les « keri ».. La fatigue aidant, notre corps doit aller solliciter des ressource profondes que nous procurent le quadrillage de zones mobiles conférés par la sensation de « kundalini ». A noter que cet exercice ne doit comporter aucune césure, qu’il doit, entre chaque changement de pied, de bras, de sens ou de plan, être porteur d’un temps mort mobile propre au maintien du circuit de l énergie. Après l’avoir pratiqué plusieurs centaines de fois entre le matin et l’après midi de chacune des journées du stage, il me semble qu’un certain nombre de sensations durables ont été éveillées, propres à un apprivoisement ultérieur. Il doit en tout cas être effectué en intégrant, mentalement et physiquement, la notion du Daishuten, précédemment devellopée. Je crois comprendre que cet exercice, véritable chef d’ouvre synthétique de différents exercices du kiko , porteur de tous les principes de base du Tais -Chi(de synthèse ou de Chen (ken), nous permet de travailler beaucoup de choses à la fois, économisant ainsi temps de pratique, de récupération et de corrélation entre les diiferents exercices qui le composent. Ceci n’est bien sur valable que sous réserve qu’une grand rigueur en sous- tende la pratique; il est donc ce à prévoir que Sensei s’en servira de base pour tous les prochains stages, jusqu’à ce qu’il estime que nous en avons acquis une pratique pour le moins suffisante à défaut être…magistrale.

Quelques applications martiales variées sur la base des travaux ci-dessus décrits. 
Dégagements de saisies diverses, avec une ou deux mains prises. Les dégagements de saisies doivent soigneusement être étudiées par rapport au sens de la saisie de l’adversaire : il convient, pour se dégager, de ne pas tenter de le faire dans le même sens ou le même plan que la tenue de l’adversaire, mais au contraire dans le sens inverse de sa saisie; les trois différents exercices de danse de l’énergie nous proposent ainsi un certain nombre de plans directionnels, qui grâce à la sollicitation des triples lignes de centre, de la colonne vertébrale et de la notion d’apesanteur momentanée, nous permettent de ressentir, davantage que de comprendre comment se sortir d’une saisie. Travail de piqué du sabre au niveau chudan (poitrine) Ce travail s’effectue par deux, chacun tenant un sabre; l’un dans le rôle de Tori (attaquant), pique la pointe de son sabre vers le plastron du uke, (défenseur), mais sans tourner les mains, et ce tout en allongeant les bras, le buste et le dos, mus par la sollicitation de ces trois lignes de centre, le tout en veillant bien à ne pas cambrer la zone lombaire, sinon, la sensation de force et d’équilibre disparaît immédiatement ; uke ne sert en occurrence que de plastron; il me semble que cet exercice doit davantage, ou du moins tout autant être vécu comme un exercice énergétique plutôt que comme uniquement technique et martial. Technique de protection du visage en déplacement oblique, suivie de deux tsuki au niveau Jodan (visage) (extrait de Jiseiken nidan). La coordination dépladement-protection puis attaque ne peut se faire sans un extrême relâchement du dos, et la sollicitation profonde des trois lignes de centre; cet exercice se fait à deux, l’un attaquant, l’autre servant de cible; il s’agit en fait de l’exercice de « hai » pratiqué à vitesse de combat, utilisé selon son schéma énergétique de base. Lors de l’éxécution de cette technque, il est essentiel de faire en sorte que le déplacement nous rapproche de l’adversaire, sans que lui même soit en mesure de nous atteindre.


Réflexions personnelles à propos de la danse de l’énergie.

A chacun sa vérité….
La mise en place progressive de la danse de l’énergie dans le pratique de notre école me semble avoir eu jusqu’à ce stage, diverses interprétations. Il a semblé tout d’abord -il y a de cela deux ans environ- à quelques uns d’entre nous, qu’il s’agissait la d’une nouvelle discipline composite de notre pratique, au même titre que le Kiko. le Tai -Chi, le sabre, ou le Jisei-Budo, dont nous allions ingérer des kilomètres de pratique, comme ce la s’est passé par exemple pour le ritsu zen au début des années 80 ou du sabre, au début des années 90. Certains se sont même dit qu’ils feraient l’impasse sur cette nouvelle « tendance », tant ils estimaient, et ce à juste titre, que l’énorme volume de travail prospectif déjà généré par les divers exercices des disciplines sub-mentionnées étaient peu en conformité avec le trop peu de temps que nous avons tous à accorder à entraînement en dehors des cours ou des stages.
De plus, Sensei nous a présenté cela comme pouvant être pratiqué en musique, d’une manière très libre, ce qui n’a pas manqué de désorienter tous ceux d’entre nous, karatekas de formation (ou de déformation…!), accoutumés à une pratique austère, silencieuse, solitaire, rigide, précise, rigoureuse, tendant à insérer le corps et l’esprit dans un moule (kata).(voir l’ouvrage de Sensei; les Katas, aux éditions Desiris…)

Que de changements en perspective, donc, pour tous ceux d’entre nous ayant consacré plusieurs dizaines d’années de leur vie d’adepte (dont la plupart sous la férule de Sensei même..) à engranger rigoureusement des registres de grammaires techniques selon une chronologie technique quasi rituelle !!!. Pour couronner le tout, Sensei nous a semblé, lors des premiers stages lors desquels il a voulu introduire cette pratique, se trouver plus ou moins en difficulté pédagogique pour nous communiquer la profondeur de son message; quelques brillantes et époustouflantes démonstrations ont certes eu le mérite de nous mettre l’eau à la bouche en perspective de ce qu’il est possible de faire, au vu de sa souplesse de buste et de son immense disponibilité de corps, à près de soixante ans; mais ce sans que la manière de s’y prendre, ou dans quel ordre, pour y parvenir, ou tout au moins de se mettre sur ses traces, soit encore assez claire dans son esprit- ni surtout dans les notres, sans doute pas encore suffisamment ouverts et réceptifs pour accueillir objectivement ce message.

Les avantages de la Danse de Énergie. Lors de ce stage, Sensei s’y est pris tout autrement. Le « gratin « de École était certes rassemblé pour la circonstance, et les quelques hauts niveau présents ont aussi contribué à étayer ses explications et son message, notamment lors de la démonstration personnelle de fin de stage de quatre d’entre eux, qui ont ainsi montré que le message en cours était déjà en voie d’intégration dans quelques dojos européens. Si l’on accepte de faire abstraction de sa réticence en matière de choix musical, d’ arythmie entre nos mouvements et cette musique, le principe de danse de l’énergie va en fait beaucoup plus loin que la seule identité de discipline potentielle complémentaire ou supplémentaire : la danse de l »énergie constitue en fait l’expression synthétique très avancée de toute l’histoire de notre École, et de tout les exercices de Kiko du Dr Yayama, (les avancées générées par la pratique régulière des cinq techniques de Sho-shuten, Chakra et Kundalini kiko, etc…) de la concoction explosive des Tai -chi de Chen (Jiseiken) et de Synthèse(Tai kyokuken), de la logique rigoureuse du sabre, agrémentée de l’intégration libre des diverses techniques des différents katas (Jiseiken 1 et 2, Ryusui, Jion, Keri no kata 1 et 2, Bassai, 1 et 2, Kushanku 1 et 2, Chinto, Tomari ou Itosu, etc…, etc….), que nous étudions depuis des années, techniques placées selon notre propre inspiration, sans obligation aucune de la prévoir à un moment donné précis, avant ou après telle ou telle autre., dans tel sens ou tel autre; unilatéralement ou symétriquement.

Le principe consiste, selon une alternance basée sur notre propre inspiration personnelle, à enchaîner sans interruption ni césure énergétique (Dai -shuten), des plages d’accumulation d’énergie, selon les trois exercices de base ci dessus décrits, puis, des plages explosives, constituées des diverses techniques des katas que nous pratiquons.. Il s’agit de charger, puis de vider, puis de recharger à l’infini notre pile corporelle, selon une chorégraphie martiale qui ne me semble en fait pas tellement s’éloigner des danses traditionnelles d’Okinawa, ou d’autres cultures martiales de la tradition Asiatique (ou autre, voir la Capoeira brésilienne), selon lesquelles l’efficacité potentielle en combat libre était diluée dans des formes souples.chorégraphiques collectives….et très musicales.

De cette manière, Sensei nous invite, sur le long terme,à créer notre propre forme de pratique, à nous libérer de certains des carcans réducteurs du Budo, selon lesquels nous ne pouvons, malgré des dizaines d’années de pratique, ne rester que les suiveurs soumis du dépositaire d’une École ou d’un style figé, au sein d’ une pseudo- tradition édictée il y a plusieurs siècles par des Maîtres que nous n’avons pas connu, dont les propos et les assertions ont sans doute, de par leur transmission essentiellement orale, été magnifiés, béatifiés et canonisés au détriment de notre esprit critique, pourtant prime apanage de tout adepte sincère d’Art martial.
Dans ces conditions, nous avons à notre tour la perspective de devenir des créateurs, ceux de notre propre pratique, solidement et préalablement étayée par des année de solides travaux ; certes, cette tendance me parait sans doute corrélées à la distance que semble avoir dernièrement pris Kenji Tokitsu avec la transmission de formes et de séquences définies… (Tai -chi, katas traditionnels) lors de cours magistraux avec objectifs cognitifs et applicatifs progressifs.

L ‘identité du Hombu Dojo du Fousseret est d’ailleurs résolument et dorénavant orienté vers la gestion et l’animation de stages de formation tendant à permettre aux adeptes de se former eux même (Jisei-Do).Elle a en tout cas l’ immense avantage de nous permettre de nous diriger vers une pratique plus adaptée à nos propres problèmes corporels, en choisissant celles des techniques des katas qui nuisent le moins à notre intégrité physique, et que nous n’utiliserions de toutes façon peu, voire pas, lors des exercices de combat libre. Elle peuvent aussi permettre à bon nombre d’adeptes tendant vers une pratique « loisir » de demeurer dans une ambiance plus détendue qu’à l’accoutumé, les cours axés sur le budo revêtant pour d’aucun un aspect parfois austère entrant quelque peu en contradiction avec une recherche ludique de détente et de récréation.
Sensei nous invite aussi, et c’est la un tournant important dans sa propre conception d la pratique, à ne plus considérer la pratique du Budo comme une ascèse ou un châtiment corporel que l’on doit s’injecter à dose – fréquence, intensité et durée -régulière et exponentielle, si l’on veut accéder à un niveau honorable et durable. Sensei nous invite ainsi à nous éloigner de la collectionnite aigue de katas « traditionnels » figés, dont l »‘accumulation cognitive donne l’illusion à ceux qui les pratiquent, mais aussi à ceux qui les jugent, accéder au haut niveau; Kenji Tokitsu nous recommande de ne plus considérer un kata que comme un grammaire technique, comme un outil ; et de ne plus continuer à collectionner les outils sans en connaitre fondamentalement leur utilité, leur usage, et par conséquent au type de chantier auquel ils ont affectés.

La danse de l’énergie me semble alors receler une potentialité plus profonde, tendant à nous aider à résoudre au sein de la spirale mobile qu’elle généré, les incertitudes événementielles, spatiales et temporelles du combat libre, soit à répondre aux questions qui nous assaillent, à savoir quoi et comment, quand et ou sans perdre le fil de notre concentration, et se mettre ainsi en danger de par le vide ainsi créé. Les inconvénients apparents de la Danse de l’ Énergie. Si la danse de Énergie est représentative des valeurs cumulées de notre courant de pratique – bien être, meilleure santé, plus grande efficacité -, elle ne me semble toutefois pas immédiatement accessible au commun des élèves d’une salle d’arts martiaux. De prime abord détendue et ludique, son aspect « facile  » ne passe t’il pas tout d’abord par un longue et lent façonnage de notre corps physique et énergétique? Sensei n’a t’il pas lui même souffert pendant des années lors d’heures intenses d’entrainemetnts sans concessions et sans compromis avec la fatigue et la récupération, voire le sommeil, avant d’obtenir l’élixir gestuel fluide qui caractérise son style ? Ne convient il pas d’inculquer pédagogiquement certaines bases progressives aux débutants, axées sur la pratique de ritzu zen, du kiko de base, de ces fameux katas, du tai chi, avant que de les propulser vers une pratique dont l’aspect déroutant risque de les éloigner de l’image qu’il se sont faites des Arts Martiaux ?

En d’autres termes ; la danse de l’énergie est elle compatible avec la survie financière d’un dojo? Ne doit on pas envisager d ‘en introduire sa pratique que lors de cours d’adepte, tout du moins de perfectionnants ?
Pour certains même de nos enseignants, hauts gradés, piliers de longue date de École, le tournant ne va t-il pas s’effectuer sans difficultés, eux qui ont été nourris au sein même de cette pratique tendant vers l’ascèse et la dureté? Auront ils encore assez d’énergie et de motivation mentale pour accepter de « casser l’mage qu’ils ont d’eux meme, au tavers de « leur concept et leur perception de l’Art martial, pour tourner le dos à ce à quoi ils ont voué une partie de leur vie?

Par ailleurs, certaines des techniques des katas en question, issues de la profonde recherche de Sensei ne risquent elles pas de disparaître, si elles sont occultées ou écartées lors de exécution de notre propre concoction martiale? Ceci renforce le doute pédagogique que j’émettais à propos de la base de la transmission. Le choix des musique est il en conformité avec le rythme et la cadence (yori-yoshi) générée par l’exécution de nos techniques., ou de celle du partenaire, lorsque la danse de l’énergie s’effectue à deux? Ces réflexions ne me permettent pour le moment pas de déboucher sur une position tranchée ; elles ne me sont inspirées que par ma trop récente découverte de cette nouvelle perspective de travail que nous offre Kenji Tokitsu, par sa perception probablement incomplèrte et diffractée; charge à nous en tout cas, dans la perspective d’une opinion plus élaborée, de savoir si nous désirons, ou pas, lui rapporter cette nouvelle pierre qu’il nous a lancé, avant, sans doute qu’il ne nous la relance,.. plus loin…..

Fait à St Germain au Mont d »Or, le 05 Juin 2006.
Jean -Claude Guillot


0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *